Je le dit et redit, que la grossesse n’est pas une maladie, elle reste un plaisir, celui de donner naissance à une vie, une nouvelle vie.
Certes la grossesse va entrainer des modifications tant physiologiques que biologiques dans tout l’organisme de la futur maman.
Ces modifications physiologiques disparaitront avec retour à la normale après l’accouchement.
Ce qu’il faut savoir, que ces modifications sont plus accentuées lors d’une grossesse multiple que lors d’une grossesse monofœtale.
L’objectif de l’article c’est d’attirer l’attention de ces futures mères, que les chamboulements qui seront ressentis sont normaux et qu’il ne faut surtout pas s’inquiéter et qu’un suivi de leur grossesse se fera par un personnel compétent et formé en la matière.
PAR : Salim Djelouat
Les modifications physiologiques observées chez la femme enceinte sont en rapport avec les variations hormonales et la croissance fœtale.
Les principales modifications sont :
Les modifications psychologiques
La grossesse et la naissance d’un enfant s’accompagnent de modifications affectives issues des transformations corporelles et des remaniements psychologiques liés à la puerpéralité.
Paul-Claude Racamier nomme ce processus : la maternalité.
Cette période de développement fait intervenir de nombreux facteurs : hormonaux, neuropsychologiques, sociologiques, ethnologiques contribuant aux réaménagements conscients et inconscients de la femme devenant mère.
D’un point de vue corporel : les transformations du corps et de l’image corporelle peuvent être source de stress pendant la grossesse et après l’accouchement où le changement est brutal.
Sur le plan psychique, il peut y avoir :
- une réactivation des conflits latents avec sa propre mère,
- un processus de régression,
- une transformation de l’identité personnelle avec l’émergence du sentiment de devenir mère,
- des manifestations anxieuses,
- une réadaptation aux nouvelles positions familiales et sociales.
Le désir de grossesse n’est pas toujours accompagné du désir d’enfant. Le 1er renvoie à une recherche de l’identité de femme qui se traduit traditionnellement dans l’inconscient collectif par « porter une vie ». Le 2ème est tourné vers « l’Autre » qui vient de soi mais qui est différent. Ces deux désirs sont le plus souvent associés. Mais, parfois le désir d’enfant ne s’est pas étayé et un sentiment de culpabilité vis-à-vis de cet enfant non désiré peut apparaître.
I – Augmentation du poids
II – Modifications gastro-intestinales
III – Modifications cardio-vasculaires
IV – Modifications de l’appareil respiratoire
V – Modifications de l’appareil urinaire
VI – Modifications métaboliques
VII – Modifications biologiques (autres)
Les modifications biologiques sont rencontrées au niveau de tous les organes de la femme enceinte et c’est pour cette raison que j’ai préféré présenter ces modifications par appareil.
I – Augmentation du poids
L’augmentation du poids se situe au cours de la grossesse entre 10 à 12 kg environ.
Cette augmentation est liée principalement au :
– Poids du fœtus
– Du placenta
– Du liquide amniotique
Mais aussi
– De l’eau extracellulaire
– De l’accumulation des graisses
Les paramètres biologiques les plus intéressants à étudier à ce niveau sont :
1 – Les lipides totaux
2 – Le cholestérol
3 – Les triglycérides
1 – Les lipides totaux sériques
Dans le plasma, il existe de nombreux composés lipidiques :
– Les lipides neutres (cholestérol libre et estérifié, les triglycérides et les acides gras)
– Les phospholipides
Les lipides totaux sériques proviennent soit de l’absorption intestinale des graisses, soit de la synthèse hépatique.
Valeurs normales des lipides totaux sériques : 05 à 08 g /litre
Variations physiologiques :
Chez la femme enceinte, cette variation physiologique peut atteindre des valeurs de l’ordre de 10 à 15 g /litre.
Discussion
Cette hyperlipidémie est liée à l’augmentation d’une ou de plusieurs fractions du sérum.
2 – le cholestérol total sérique
Le cholestérol est le stérol le plus abondant de l’organisme.
Il est présent sous deux formes :
– Une forme libre
– Une forme estérifiée (avec un acide gras)
Le cholestérol libre est le composant essentiel des membranes cellulaires
Le cholestérol estérifié, représente une réserve mobile dans les lipoprotéines ou soit sous forme fixe dans le cytoplasme cellulaire.
Le cholestérol est à l’origine des acides biliaires, indispensables à l’absorption des lipides et hormones stéroïdes.
Valeurs normales généralement admises:
– Cholestérol total : 1,50 à 2,30 g /litre
– Cholestérol estérifié : 0,60 à 0,75 g /litre
Valeurs physiologiques : l‘élévation du cholestérol chez la femme enceinte est généralement modéré et suit d’assez prêt le taux des triglycérides.
On ne dépasse donc pas des taux supérieurs de 2,60 à 2,80 g/litre
Discussion
Les valeurs normales du cholestérol ne sont données qu’a titre indicatif.
Pour une meilleure interprétation des résultats, il faut tenir compte, de l’âge de la femme, car l’augmentation du cholestérol est de, 0,05 g par litre et par année d’âge et ce après 40 ans.
Conséquences cliniques
Les conséquences cliniques de l’hypercholestérolémie sont dominées par le risque artérogène (athérosclérose, tension artérielle).
3 – Les triglycérides sériques
Les triglycérides résultent de l’estérification du glycérol par les acides gras.
Dans le sérum, ils proviennent du foie et de l’intestin.
Valeurs normales généralement admises :
– Valeur inférieure à : 1,50 g /litre
– Jeune femme de 20 ans : 0,80 à 1,20g /litre
– Femme de 50 ans : 1,20 à 1,40g /litre
– Valeurs physiologiques :au cours de la grossesse, l’élévation reste modérée, mais dépend des :
– Ethnies
– Mode de vie
– Habitudes alimentaires
Discussion
Dans l’interprétation des résultats, il faut faire très attention aux hypertriglycéridémies familiales (assez rares).
Conséquences cliniques
Les conséquences cliniques de l’élévation des triglycérides, conduits à des risques d’accidents myocardiques et d’accidents cérébraux et aux risques d’athéroscléroses.
2 – Modifications gastro-intestinales
Au cours de la grossesse, on observe chez la plupart des femmes enceintes (2/3 des grossesses) au premier trimestre des nausées et des vomissements, (quand le taux d’HCG est augmenté)
La constipation est fréquente et liée à l’effet relaxant de la progestérone.
L’acidité gastrique est réduite.
Ces modifications, vont entraîner des variations physiologiques et biologiques.
Les paramètres biologiques les plus intéressants à étudier à ce niveau sont :
1 – La kaliémie/la Kaliurie
2 – La natrémie
3 – La chlorémie
4 – La calciurie
5 – La phosphatémie
1 – La Kaliémie/la Kaliurie
1.1 – La kaliémie, désigne la concentration plasmatique ou sérique du potassium.
Elle varie chez un sujet sain et au repos entre : 3,5 mmol/l à 4,5 mmol/l
Variations physiologiques :
Chez la femme enceinte, des hypokaliémies, ont été rapportées tant chez la femme dont la grossesse est accompagnée de vomissements, que celle dont la grossesse s’accompagne de constipation.
1.2 – la kaliurie, désigne la concentration urinaire du potassium.
Il n’y a pas de valeurs normales à proprement parler, mais la fourchette est assez large et se situe entre : 10 mmol/l à 20 mmom/litre
Variations physiologiques :
Chez la femme enceinte, des hypokaliémies ont été rapportées, surtout chez la femme, dont la grossesse est accompagnée de vomissements importants.
Conséquences cliniques de la kaliémie et de la kaliurie sont :
– Asthénies principalement matinales
– Crampes musculaires, fourmillements
– Constipation
– Anorexie
– Vertiges (de la position couchée à la position debout)
– Polyurie
– Soif intense, sécheresse de la bouche
2 – La natrémie
Elle désigne la concentration du sodium dans le sérum ou le plasma.
Valeurs normales généralement admises : 136 mmol /litre à 144 mmol /litre
Variations physiologiques : des hyponatrémies ont été rapportées chez la femme enceinte, dont la grossesse s’accompagne de vomissements très importants.
Conséquences cliniques
– Hypotension orthostatique
– Hémodilution
– Insuffisance rénale et cardiaque
3 – La chlorémie
Elle désigne la concentration plasmatique ou sérique en chlorures.
Valeurs normales généralement admises : 100 mmol /l à 106 mmol /litre
Valeurs physiologiques : une légère hyperchlorémie a été rapportée chez des femmes enceintes dont la grossesse s’accompagne de diarrhées profuses ou d’acidité gastrite importante (assez rare)).
Conséquences cliniques :
La principale conséquence clinique des hyperchlorémies est l’acidose hyperchlorémique.
4 – La calcémie
Elle désigne la concentration plasmatique ou sérique du calcium.
Valeurs normales généralement admises : 2,48 mmol /litre
Valeurs physiologiques : des hypercalcémies importantes ont été rapportées chez des femmes enceintes dont la grossesse s’accompagne de vomissements importants ou de constipation.
Conséquences cliniques :
Les principales conséquences des hypercalcémies sont :
– Syndrome rénal
– Syndrome cardio-vasculaire
– Syndromes digestifs
– Syndromes musculaires
– Syndromes psychiques
5 – La phosphatémie
Le taux de phosphatases alcalines augmente progressivement au cours du 3ème trimestre, pouvant atteindre 2 ou 3 fois la normale au terme; cette augmentation est due à la production de cette enzyme par le placenta plutôt qu’à un trouble hépatique.
III – Modification cardio-vasculaires :
L’une des principales modifications cardio-vasculaires importante est l’augmentation du volume sanguin (presque le 1/3), qui va entraîner une hémodilution relative.
1 – Le débit cardiaque augmente d’à peu près à 40 %
2 – La tension artérielle est un peu affectée et diminue légèrement au cours du 2ème trimestre
3 – Les principales modifications cardio-vasculaires biologiques sont liées à celle de l’étude des modifications du poids et à savoir :
3.1 – Le cholestérol
3.2 – Les triglycérides
3.3 – Les lipides totaux
IV – Modification physiologiques au niveau de l’appareil urinaire :
Le débit sanguin rénal augmente pendant la grossesse de 25 à 30 %, ainsi que la filtration glomérulaire et ce plus que le flux sanguin plasmatique.
Les principales modifications physiologiques biologiques sont :
1 – La créatinémie
2 – L’uricémie
3 – La protéinurie
1 – La créatinémie :
Elle désigne la concentration sanguine de la créatinine qui provient du métabolisme musculaire.
Valeurs normales généralement admises : 08 mg /l à 13 mg /litre, chez la femme enceinte, cette limite est généralement plus basse et se situe entre : 07mg /l à 11mg /litre
Variations physiologiques : 09 mg /l à 07 mg /litre
Conséquences cliniques : L’hypo créatinémie entraîne une insuffisance rénale.
2 – L’uricémie :
Elle désigne la concentration sanguine en urée.
L’urée résulte du catabolisme protéique et est bio synthétisée dans le foie.
Valeurs généralement admises : 0,15 g /l à 0,40 g /litre
Valeurs physiologiques : des variations très basses sont rencontrées chez la femme enceintes et se situent entre : 0,10 g /l à 0,20 g /litre
conséquences cliniques : l’hyperuricémie entraîne une insuffisance rénale.
3 – La protéinurie :
C’est la présence de protéines du plasma dans les urines.
La recherche de la protéinurie se fait sur des urines de 24 h.
Valeur : absence
Variations physiologiques : l’étude de la protéinurie chez la femme enceinte est un cas particulier :
– Avant 03 mois : la présence de la protéinurie est liée le plus souvent à une néphropathie préexistante.
– Après 03 mois : la présence de la protéinurie est liée à une pyélonéphrite gravidique où le risque pré-éclamptique.
Important : il faut surveiller une protéinurie dans les 06 derniers mois.
V – Modifications métaboliques :
Pendant la grossesse, on observe une évolution du métabolisme de base, du rythme cardiaque et du volume respiratoire.
Le métabolisme des hydrates de carbone est augmenté, puisque le glucose est la principale source d’énergie du fœtus.
Le niveau de la glycémie est maintenu entre les repas par la néoglucogenèse, après les repas, le maintient de la glycémie nécessite un apport d’insuline.
Si le pancréas ne peut suffire à la demande, un diabète gestationnel peut se développe
La glycosurie peut s’observer, ceci d’autant plus qu’il a une baisse du seuil rénal.
Le principal paramètre dans ce cas à étudier est :
1 – La glycémie :
C’est une constante du glucose dans le sang.
Elle permet le diagnostic des anomalies du métabolisme des glucides.
Valeurs normales généralement admises :
- À jeun : 0,80 g /l à 1,40 g /litre
- La postprandiale : 1,60 g /litre
Valeurs physiologiques :
- Chez la femme enceinte, la glycémie à jeun s’abaisse à des valeurs inférieurs à : 0,80g /litre (0,50 g/l à 0,70g /litre)
- Pour la postprandiale, les valeurs se situent entre 1,40 g/l à 1,20 g/litre
VI – Modifications Hématologiques :
Le volume plasmatique, passe de 2400 ml à 3800 ml, alors que la masse des hématies entre temps ne passe que de 1400 ml à 1600 ml, ce qui entraîne une hémodilution.
Les modifications hématologiques les plus importantes à étudier sont :
a – LA F.N.S Complète :
a7 : les globules blancs
a8 : les plaquettes
a1 – Les globules rouges :
Cette diminution est lifée à une hémodilution.
b2 – : Le dosage de l’hémoglobine :
a3 – L’ hématocrite :
Sa diminution est progressive et se situe aux alentours de : 34
a4 – Les principales anémies liées à la grossesse :
Elle s’observe au cours des grossesses, surtout chez les multipares et les grossesses gémellaires.
La carence en folates peut se révéler par une thrombopénie isolée.
Cette fausse anémie est physiologique, tant que le VGM et la CCMH, restent normaux, alors que le taux de l’hémoglobine est supérieur à : 10,5 g/dl.
a5 – Le dosage du fer sérique :
Au cours de la grossesse, les besoins en fer, sont très augmentées chez la mère pour les raisons suivantes :
- Apport en fer au fœtus (300 mg)
- Synthèse des globules rouges supplémentaires
- Pour compenser la perte moyenne de fer, lors de la délivrance.
Valeurs normales généralement admises : 0,60 à 1,40 g
Valeurs physiologiques , sont rencontrées lors de :
- grossesses répétées
- grossesses rapprochées
- grossesse
- délivrance
a6 – Le dosage de la transferrine sérique :
La transferrine sérique ou sidérophiline est une glycoprotéine, synthétisée dans le foie et sa concentration sérique est influencée par le contenu du fer dans l’organisme.
Valeurs normales généralement admises : 02 à 03,2g/litre
Variations physiologiques : chez la femme enceinte, en fin de grossesse, la concentration s’élève autour de 04,4g /l, en raison de l’anémie ferriprive, habituelle à cette période.
a7 – Les globules blancs :
La numération des globules blancs fait partie de tout hémogramme.
Valeurs normales généralement admises : 4000 à 10 000/mm3
Valeurs physiologiques : pendant la grossesse et jusqu’au 3e mois, il a été rapportée d’une légère hyper leucocytose.Lors de l’accouchement, l’hyperleucocytose se situe entre 12 000 à 15 000/mm3.
a7a – La formule leucocytaire :
La formule leucocytaire est l’établissement du pourcentage des différents éléments du sang circulant.
Valeurs normales généralement admises : les résultats de la formule leucocytaire et ceux de la numération des globules blancs sont indissociables.
Seules sont utilisables les valeurs absolues de chaque type cellulaire :
- polynucléaires neutrophiles 40 à 70 %
- polynucléaires éosinophiles 01 à 02 %
- polynucléaires basophiles – 01 %
- lymphocytes 20 à 40 %
- monocytes 02 à 06 %
Valeurs physiologiques :
1 – au cours du dernier trimestre de la grossesse on peut observer une hyper leucocytose à prédominance de polynucléaires neutrophiles.
2 – Certaines anomalies morphologiques des polynucléaires, ont été rapportées chez la femme enceinte et ce pendant toute la durée de la grossesse.
On a put observer des « corps de Dohle », qui sont des inclusions géantes de 1 à 2 microns, basophiles et très riche en RNA.
VII – Autres Modifications :
a – La vitesse de Sédimentation :
La vitesse de sédimentation (V.S) des hématies dans le plasma est appréciée in vitro, sur un échantillon de sang prélevé sur anticoagulant.
Valeurs normales généralement admises :
– 1e heure : 5 à 7 mm
– 2e heures : 10 à 15 mm
– 24e heures : 50 à 60 mm
Variations physiologiques : l’accélération de la vitesse de sédimentation se voit pendant :
1 – les menstruations
2 – la grossesse à partir de la 10e semaine
3 – 3 à 4 semaines après l’accouchement.
b – Le cuivre sérique :
Le cuivre sérique se trouve sous deux formes :
– 95 % liés à la céruloplasmine
– 05 % sous forme libre ou liés à l’albumine ou liés à certains acides aminés.Valeurs normales généralement admises : chez l’adulte : 0,8 à 1,5 mg/litre
Valeurs physiologiques : chez la femme enceinte, les valeurs sont augmentées et varies de : 02 mg/l à 03,5 mg/l.
conséquences cliniques : l’augmentation du cuivre sérique entraîne une atteinte rénale.
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