La grossesse n’est pas forcément le moment idéale pour entreprendre une vaccination,
mais les circonstances peuvent faire, que la vaccination devient une nécessite.
Pr. Salim Djelouat
Expert médicale certifié en médecine, santé et bien-être – Paris –
Auteur scientifique
salimdjelouat@mail.com
Ce que je vous propose de lire dans cette publication
I – PARTICULARITÉ DES VACCINATIONS PENDANT LA GROSSESSE –
II – PRINCIPAUX TYPES DE VACCINS
III – VACCINS DEVANT ÊTRE RÉALISÉS pratiqués AVANT LA GROSSESSE
IV – VACCINS POUVANT ÊTRE RÉALISÉS PENDANT LA GROSSESSE
V – VACCINS DANS L’EFFICACITÉ EST DOUTEUSE
VI – VACCINS NE DEVANT PAS ÊTRE RÉALISÉS PENDANT LA GROSSESSE
VII – VACCINS À ÉVITER PENDANT LA GROSSESSE
IX – CONCLUSION
X – POUR SATISFAIRE LA CURIOSITÉ DE CERTAIN-E-S
I – PARTICULARITÉ DES VACCINATIONS PENDANT LA GROSSESSE –
La grossesse est une période de la vie très particulière pour les vaccinations ; d’abord parce que les réactions de défense de l’organisme sont modifiées à ce moment là et ensuite parce que la vaccination va concerner deux personnes : la maman et son bébé.
Il est donc plus que nécessaire d’observer une certaine prudence vis-à-vis de la vaccination chez la femme enceinte et plus particulièrement pendant les trois premiers mois de la grossesse.
Tous les vaccins à base de virus vivants atténués sont contre-indiqués au cours de la grossesse en raison de leur immunogénicité.
L’immunogénicité est le pouvoir ou le potentiel a provoquer une réponse immunitaire aussi proche de celle provoqué par un pathogène virulent.
Le risque théorique que ce type de virus peut traverser le placenta et infecter le fœtus, existe.
Il reste que le risque infectieux par ce type de vaccin est nul.
D’autres vaccins sont préparés soit par des virus, soit par des bactéries tués, inactivés ou avec des fractions antigéniques, sont déconseillés aux femmes enceintes, car ils sont mal tolérés et provoquent dans la plus part des cas des fausses-couches.
II – PRINCIPAUX TYPES DE VACCINS
1 – LES VACCINS DITS « VIVANTS – ATTÉNUÉS »
Ils sont produits à partir d’agents pathogènes vivants, mais dont la virulence a été atténuée par des procédés particuliers.
Ce type de vaccins provoquent une infection mais avec peu ou pas de symptômes.
Ces vaccins offrent une protection de longue durée après une ou deux injections.
2 – LES VACCINS DITS « INACTIVÉS »
Les vaccins inactivés renferment des agents pathogènes entiers qui ont été tués par la chaleur ou des traitements chimiques. Ils peuvent aussi renfermer une fraction « inactive » de virus.
Cette fraction qui est généralement une protéine peut dans certains cas être produite artificiellement (elle sera alors beaucoup plus pure).
Ces vaccins ne présentent aucun risque infectieux, mais présentent des effets secondaires, comme par ex : douleurs, rougeur, gonflement au point d’injection, fièvre, douleurs musculaires et articulaires…
3 – LES VACCINS DITS « SOUS-UNITAIRES »
Ces vaccins sont préparés à partir de fragments d’agents pathogènes purifiés, juste nécessaire pour « apprendre au système immunitaire à reconnaître l’agent causal », donc créer une mémoire immunologique.
D’autres contiennent des sous-unités de toxines d’origine bactérienne.
Les vaccins sous-unitaires ne présentent aucun risque infectieux et sont mieux tolérés que les vaccins dits « inactifs ».
Il reste cependant que leur réponse immunitaire est faible et nécessitent des injections dits de rappel ou l’ajout d’adjuvants permettant d’améliorer la réponse immunitaire induite.
4 – LES VACCINS DITS DE « GÉNIE-GÉNÉTIQUE »
Ces vaccins sont produits à partir d’un gène de l’agent pathogène, que l’on cultive dans des cellules.
III – VACCINS DEVANT ÊTRE RÉALISÉS AVANT LA GROSSESSE
Toute femme désireuse d’être enceinte, doit vérifier si elle a été vaccinée contre les maladies suivantes : la rougeole, les oreillons, la rubéole et la varicelle.
Les vaccins contre ces maladies sont des vaccins vivants atténués et ne peuvent être administrés au cours de la grossesse.
La vaccination dans le cas ou la femme n’a pas été vaccinée devient une nécessité (en cas d’une contamination), car il peut exister des risques de santé tant pour la femme, que pour le fœtus.
Les principaux risques :
– La rougeole –
La rougeole au cours d’une grossesse va être la cause d’accouchement prématuré, voire d’avortement.
– Les Oreillons –
Les oreillons au cours du premier trimestre de la grossesse sont un risque élevé de décès pour le fœtus.
– La Rubéole –
La rubéole au cours d’une grossesse est un double risque pour le fœtus :
– mort du fœtus ou le fœtus va présenter de très graves malformations et plus spécialement des malformations cardiaques, au niveau de la vision et au niveau du cerveau
– La Varicelle –
La varicelle au cours de la grossesse est un risque pour la maman, comme pour le fœtus.
Chez la mère la varicelle va être la cause de complications pulmonaires entraînant une pneumonie.
En ce qui concerne le fœtus, la varicelle va être la cause de malformations multiples.
Recommandations –
Le schéma de la vaccination contre ces quatre maladies, se fera par l’administration de deux doses de vaccin, avec un intervalle d’au moins 1 moins entre les vaccinations.
IV – VACCINS POUVANT ÊTRE RÉALISÉS PENDANT LA GROSSESSE
– SUR INDICATION MÉDICALE –
1 – VACCIN HÉPATITE B
Il est fabriqué avec une fraction du virus inactivé (antigène de surface).
Il est dépourvu de tout pouvoir infectant.
Bien que le vaccin soit sans aucun danger pendant la grossesse, on vaccine habituellement les femmes enceintes quand il existe un risque non négligeable d’attraper la maladie, ex : (toxicomanie, contact avec un sujet atteint, etc…).
Le vaccin garde une bonne efficacité pendant la grossesse.
Recommandation –
À réaliser que sur indication médicale et ce en raison du manque de recul, pour évaluer un risque éventuel pour le premier trimestre.
Important –
Il est recommandé de vacciner impérativement à la naissance, les nouveau-nés de mère porteuse de l’Ag HbS en association avec l’administration d’immunoglobulines.
2 – VACCIN HÉPATITE A –
Le vaccin contre l’hépatite A est constitué de virus inactivés.
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par le virus de l’hépatite A lors d’une vaccination en cours de grossesse.
Recommandation –
– Vaccination réalisable quel que soit le terme.
– Ne pas oublier les risques d’hépatite E
3 – VACCIN INJECTABLE CONTRE LA GRIPPE
Les vaccins injectables contre la grippe saisonnière sont constitués d’antigènes de surface ou de fragments de virions.
Ils contiennent 3 souches vaccinales –
– 2 souches de la grippe A
– 1 souche de la grippe B
Ils sont dépourvus de pouvoir infectant.
Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par le virus de la grippe saisonnière lors d’une vaccination en cours de grossesse.
Aucun des vaccins contre la grippe saisonnière ne contient d’adjuvant.
La vaccination contre la grippe, reste d’un intérêt particulier pour la femme enceinte et ce pour la simple raison de la fréquence de l’infection et surtout de sa gravité potentielle.
Recommandation –
Elle est recommandée au 2ème et 3ème trimestre de la grossesse et ce en raison d’un risque de fausse-couches que peut entraîner l’infection.
Cette vaccination est efficace et bien tolérée pendant la grossesse, elle protège aussi l’enfant jusqu’à l’âge de 6 mois environ.
BON À SAVOIR
Une femme enceinte vaccinée contre la grippe durant la grossesse, se vaccine non seulement elle-même mais également le fœtus.
Les bébés dont les mères ont été vaccinées au moment de la grossesse, sont moins malades des voies respiratoires de manière générale et de la grippe en particulier et avec moins d’hospitalisation.
Des études montrent que le vaccin contre la grippe donné aux femmes enceintes réduit le taux de maladie de la grippe des bébés jusqu’à 6 mois de 63%.
4 – VACCIN TÉTANOS
Il est fabriqué avec l’anatoxine du bacille donnant le tétanos (Clostridium tétani).
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Vaccination très largement répandue dans les pays occidentaux, ce qui a permis de voir disparaître le tétanos obstétrical.
La vaccination pendant la grossesse n’expose pas à des risques particuliers, l’efficacité est bonne.
Une vaccination dans le mois qui précède l’accouchement suffit généralement à éviter la maladie à ce moment là.
Attention –
En revanche le sérum antitétanique est contre-indiqué.
5 – VACCIN POLIOMYÉLITE – Forme injectable –
Le vaccin contre la poliomyélite est constitué de virus inactivés.
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par la poliomyélite lors d’une vaccination en cours de grossesse.
Ce vaccin peut être réalisé pendant la grossesse mais doit être réservé aux femmes qui voyagent dans des zones d’endémies.
Il a une bonne efficacité.
L’immunité protégera l’enfant jusqu’à l’âge de 6 mois environ.
6 – VACCIN DIPHTÉRIE
Il est fabriqué avec l’anatoxine du bacille diphtérique (le bacille de Klebs-Loeffler).
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par la diphtérie lors d’une vaccination en cours de grossesse.
On peut vacciner une femme enceinte contre la diphtérie, quel que soit le terme de la grossesse.
Bon à savoir –
Chez certaines femmes, le vaccin est mal toléré.
7 – VACCIN MÉNINGOCOQUE
Il existe plusieurs vaccins méningococciques ⇒
– Monovalents (B ou C)
– Bivalent (A/C)
– Tétravalent (A/C/Y/W135)
Ils sont composés de fragments capsulaires.
Ils sont dépourvus de pouvoir infectant.
Ils peuvent être administrés chez la femme enceinte.
Recommandation –
Cette vaccination ne se justifie pas chez la femme enceinte, sauf en cas d’un voyage dans une zone d’endémie.
8 – TUBERCULINE
Il s’agit d’un dérivé protéinique purifié de la tuberculine issu de la culture de Mycobacterium tuberculosis.
Le test à la tuberculine est utilisé pour le dépistage de l’infection tuberculeuse (enquête autour d’un cas, dépistage ou surveillance des personnes exposées).
Elle est administrée par voie intradermique (IDR) en 1 injection.
La réalisation d’un test à la tuberculine est possible chez la femme enceinte.
V – VACCINS DANS L’EFFICACITÉ EST DOUTEUSE
1 – VACCIN CHOLÉRA
Le vaccin contre le choléra est un vaccin inactivé.
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Il peut être administré aux femmes enceintes sans danger.
Il reste cependant que son efficacité est douteuse.
Recommandation –
Mieux vaut s’abstenir de cette vaccination pour la femme enceinte.
2 – VACCIN FIÈVRE TYPHOÏDE
Le vaccin typhoïdique est composé d’un polyoside capsulaire.
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale par la fièvre typhoïde lors d’une vaccination en cours de grossesse.
Peu de données concernant son efficacité pour 1er trimestre.
Recommandation –
Vaccination à différer
VI – VACCINS NE DEVANT PAS ÊTRE RÉALISÉS PENDANT LA GROSSESSE
1 – VACCIN BCG
Le vaccin contre la tuberculose est constitué de bacilles vivants atténués
Cette vaccination ne doit pas être entreprise pendant la grossesse.
Le traitement antibiotique antituberculeux peut être donné en cas de nécessité.
2 – VACCINATION POLIOMYÉLITE – forme orale –
Il s’agit d’un vaccin par souche vivante.
Cette vaccination est contre indiquée pendant la grossesse bien qu’aucun problème n’ait jamais été rencontré chez des femmes l’ayant reçu.
3 – VACCIN RUBÉOLE
Le vaccin est composé d’une forme atténuée du virus de la rubéole.
Il n’est pas recommandé de vacciner une femme enceinte
Recommandation –
Les femmes séronégatives seront vaccinées immédiatement après l’accouchement, qu’elles allaitent ou pas.
Important –
Les sujets vaccinés contre la rubéole ne sont pas contagieux.
Il est donc possible de vacciner une personne dans l’entourage proche d’une femme enceinte.
4 – VACCIN ROUGEOLE
Le vaccin contre la rougeole est constitué de virus vivants atténués.
Il est déconseillé pendant la grossesse.
Il faut s’assurer du statut vaccinal des femmes en âge de procréer.
Recommandations –
En cas de contage pendant la grossesse chez une femme non immunisée, il est recommandé d’administrer des immunoglobulines polyvalentes dans les 72 h 00 après l’exposition.
5 – VACCIN OREILLONS
Le vaccin contre les oreillons est constitué de virus vivants atténués.
Il n’est pas recommandé de vacciner une femme enceinte contre les oreillons.
Note –
Il n’existe qu’en association avec la rougeole et la rubéole.
6 – VACCIN VARICELLE
Le vaccin contre la varicelle est constitué de virus vivants atténués.
Il n’est pas recommandé de vacciner une femme enceinte contre la varicelle.
Important –
En prévision d’une grossesse
Il est possible de vacciner contre la varicelle.
Il est souhaitable d’éviter une conception dans le mois qui suit la vaccination
VII – VACCINS À ÉVITER PENDANT LA GROSSESSE
1 – VACCIN FIÈVRE JAUNE
Le vaccin contre la fièvre jaune est constitué de virus vivants atténués.
Ce vaccin n’est pas recommandé chez la femme enceinte.
Lors d’un voyage dans une région d’endémie, ce vaccin s’impose chez la femme enceinte.
L’allaitement doit être suspendu en cas de vaccination pendant au moins 15 jours, il existe un risque d’encéphalite chez l’enfant de moins de 6 mois.
On considère en général que la vaccination contre la fièvre jaune est sûre et efficace ; chez 15 à 20 % des sujets qui n’ont jamais été vaccinés auparavant
Recommandation –
Évitez d’aller dans les régions à fortes endémies de fièvre jaune
Note –
Jusqu’à récemment, cette vaccination comportait un rappel à 10 ans.
Selon un avis de l’OMS, ce rappel n’est plus nécessaire sauf dans certaines situations particulières (cf. Avis du Haut Conseil de la Santé Publique du 23/10/2015)
2 – VACCIN RAGE
Le vaccin contre la rage est constitué de virus inactivés.
Il est dépourvu de pouvoir infectant.
La vaccination reste possible chez la femme enceinte et qu’en cas d’indication spéciale.
IX – CONCLUSION
La grossesse ne contre indique pas la plupart des vaccinations, mais les données sont peu nombreuses.
Les femmes non immunisées pour la rougeole, rubéole, varicelle et hépatite B devraient être dépistées et doivent être informées des risques encourus en l’absence de vaccination.
(voir plus haut)
Il est recommandé à une femme enceinte qui n’est pas vaccinée contre ces maladies et est exposée à une personne présentant une des maladies ou la zona (herpès Zoster), de s’adresser à un médecin traitant pour consultation.
X – POUR SATISFAIRE LA CURIOSITÉ DE CERTAIN-E-S
1 – Dossier pédagogique 2017 – Élargissement de l’obligation vaccinale (pdf – 1,5Mo)
2 – Collectif, « Le guide des vaccins », Science et vie, no 277 (hors-série), décembre 2016, (ISSN 0151-0282)
3 – Nizar Ajjan, La vaccination : Manuel pratique de tous les vaccins, Éditions Masson, 2009, (ISBN 9782294706929)
4 – Anne-Marie Moulin, L’Aventure de la vaccination, Fayard, 1996, (ISBN 9782213594125, lire en ligne [archive])
/ http://lecrat.fr/sommaireFR.php
/ https://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-inflammation-infectiologie-et-microbiologie/dossiers-d-information/vaccins-et-vaccination
/ http://www.vaccination-info-service.fr/
/ http://www.who.int/topics/immunization/fr/
/ http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/PointSur?clef=1
Pr. Salim Djelouat
Pr. en analyses médicales et Bioclinicien
Expert médicale certifié en médecine, santé et bien-être – Paris –
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